C'est quoi l'élite
D'emblée,on peut dire qu' il existe plusieurs élites,chacune d'elles excellant dans un domaine
précis.Il y a l'élite scientifique, politique,artistique,sportive et bien d'autres encore.Toutes ont un dénominateur commun qui est la maîtrise d'une technique disciplinaire donnée.Mais,
cela n'est qu'une des conditions à remplir correspondant à ce qu'il y a de meilleur.L'élite est
aussi ce qu'il y a de bien.En quoi consiste ce bien?C'est ce qu'il faut définir;la discussion est ouverte.
L'élite doit se prévaloir,non pas uniquement par des qualités intellectuelles et
pysiques,mais également et surtout par des qualités morales.Du temps de Pytagore,
cinq cents ans avant J.C ,son école prodiguait,à ses disciples,un enseignement fondé
sur des régles rigoureuses de morale.Au fil des siècles,avec la
diversification des sciences et des arts,avec les courants d'idées et
leurs impacts sur les sociétés,
la notion d'élite semble avoir relégué en arrière plan un des aspects
majeurs qui la caractérisent.Les côtés esthétique et technique prennent
de plus en plus de l'impor-
tance;mais le côté éthique est de moins en moins pris en
considération.Êt pourtant,"science sans conscience n'est que ruine de
l'âme." La science,englobant actuellement toute sorte
d'enseignement,doit"montrer à la fois dans l'ordre des idées ce qui est
juste et beau et dans l'ordre des faits ce qui est possible."
C'est l'une des meilleures définitions du rôle de l'élite.
Défini ainsi, le rôle de l'élite rejoint,par là la définition de l'homme de culture,
imprégné d'éthique, d'esthétique,d'une logique pragmatique et d'unetechnique.L'aspect
éthique incite à la recherche de la sagesse,du juste et du vrai.Le beau
dans l'acte abstrait ou concret,de toute notre activité essentielle,est
assurée par l'esthétique
qui contribue à renforcer le domaine de l'éthique.La logique
pragmatique,grâce au rythme qu'elle donne aux actes,en assure
l'éfficacité et sous-tend l'acquisition de
techniques appropriées,aussi bien pour les tâches banales que pour celles de haut
niveau.A travers tout cela,on peut dire que l'élite se mesure beaucoup plus par ses
aptitudes morales et culturelles que par ses qualifications
intellectuelles et physiques.On déduit que l'élite ne se limite pas à
certaines catégories de personnes
de haut rang,par leur statut scientifique, financier,politique,artistique ou par
leurs capacités physiques exceptionnelles.Une personne du menu
peuple,remplissant les critères énoncés ci-dessus,fait partie de
l'élite.C'est cette élite qui force notre respect,notre admiration et
notre espoir et c'est à elle que,normalement,
doit revenir la direction des affaires.
Eparpillée à travers les continents dans ses composantes,l'éite semble être en retrait
des évènements déterminants et des situations préoccupantes,à travers le monde.Ses
manifestations sporadiques et isolées n'arrivent pas à influencer le
cours de l'histoire.Elle est dans l'incapacité de propulser le courant
persuasif et mobilisateur des gouvernants et gouvernés,pour une
révision des concepts et des
systèmes établis,qui régissent l'activité essentielle et l'évolution de l'humanité.
L'ordre choisi par les décideurs et le caractère minoritaire par
défini-tion même de l'élite,constituent les deux principaux facteurs
qui expliquent son
inefficacité dans ses tentatives de participation au cours des
choses.Pouvoir con-vaincre par ses idées,contribuer par ses
propositions pragmatiques dans les domaines clés de la vie relève-t-il
de l'utopie,ou bien est-ce un fait fort probable?
Les avertissements lancés jusqu'à présent par le biais de
communications scientifiques,de forums et de débats,ne semblent pas
attiré l'attention des gouvernants,ces derniers étant confrontés aux
problèmes urgents à résoudre tels que
la croissance économique,le réglement de conflits,la lutte contre la
violence...Ils y font face de façon prioritaire et différent la
recherche et l'application des solutions appropriées aux problèmes
humains et écologiques,comme l'équilibre socio-
économique international,le développement durable,la prévention du
désastre écologique etc...Les épiphénomènes prennent le devant de la
scène et l'acuité des
dangers tire beaucoup plus sa prise en considération du facteur temps chronologique
que de l'ampleur des dégats risqués lointains.On peut se demander si la manière de
procéder envers ces préoccupations ne comporte-t-elle pas un aspect
sournois,qui risque de surprendre et de mettre en évidence les erreurs
commises?
L'alternative probable au monde actuel se réalisera durant les deux siècles à venir,
si ce n'est pas plus tôt.Les évènements du siècle précèdent et ceux du siècle courant
seraient les signes annonciateurs de la fin d'un cycle et du début d'un
nouveau.Cet état de choses vient conforter l'idée que tous les sept
siècles se produisent de grands bouleversements,qui changent le cours
de l'histoire.Au XIVe siècle,la Renaissance, dans le domaine des
sciences et des arts,et la Réforme dans celui de
l'Eglise,ont propulsé la civilisation judéo-chrétienne,qui a pris le relai de la
civilisation islamique,apparue sept siècles
auparavant,elle-même,précèdée par l'apparition du Christianisme et la
civilisation gréco-latine,sept siècles plus tôt.
Le XXe siècle s'est écoulé avec des faits historiques importants tels
que,les deux guerres mondiales,la percée des sciences technologiques,la
prééminence de la matière
et du marché libre,la dislocation de blocs politiques avec apparition de nouveaux
pool politico-économiques,le courant de mondialisation,le phénomène de la violence,
la tolérance de concepts contre nature,et la volonté d'instauration de la démocratie
à l'échelle planètaire.Pour ne retenir que ce dernier aspect et le lien avec l'élite,
sujet de notre thème,on peut affirmer qu'il s'agit de deux antinomies.La démocratie,
reflétant le plus grand nombre,représente,donc la quantité;l'élite,
étant par définition minoritaire,représente la qualité.De ces deux
notions,quantité et qualité,
nait un dualisme dont l'issue est pratiquement favorable à la
quantité,de par la loi du plus grand nombre,dont ele bénèficie.Au
passage,signalons que le plus grand nombre
n'implique pas inéluctablement représenter l'opinion d'une population,du moins sa
majorité absolue.L'élite,même groupée,est cantonnée à demeurer
minoritaire et à ne pas pouvoir faire adopter ses idées.Que lui
reste-t-elle à envisager pour pouvoir participer efficacement au cours
des évènements? C'est ce nous tenterons de développer lors de notre
prochain commentaire.