Parfois tout le bien provient du mal
Paroles
prononcées par une jeune bédouine,n'ayant reçu d'instruction que celle que lui
avait confinée son sens de l'oservation et sa lucidité d'esprit.
Etant
célibataire,elle fut demandée en mariage par une mère, pour son fils,vivant
dans la seconde ville de l'Islam,qui est Médine.Obéissant envers sa mère et ne
voulant point la contrarier, le fils
accepta l'union avec une personne,sans l'avoir connue,ou du moins l'avoir
vue.
La nuit de noce,s'approchant de son épouse pour accomplir son devoir
conjugal,il éprouva,aussitôt,une répulsion;la femme,dans ses apparences
physiques,ne correspondait à son goût et à ses espèrances.La mariée ne broncha
pas et garda le silence,jusqu'à ce que le sommeil vint la délivrer de sa
peine.La seconde nuit se déroula avec plus de souffrance pour elle,car de son
mari,elle ne put voir que son dos tourné à elle.La troisième nuit,après un long
moment de tourmente,elle osa dire à son époux,d'une voix timide mais
solennelle,que parfois tout le bien provient du mal.
Mal que tous les deux
enduraient depuis trois jours,où chez l'un,la passion sensuelle l'emportait sur
le devoir,et où chez l'autre,désolée de ne pas satisfaire les aspirations de son
mari,elle retenait dignement son affolement,ses cris et ses pleurs.La parole
venant d'une innocente créature et son attitude sereine firent impression sur
le mari,dont le coeur s'adoucit et la raison s'assagit.Mu par un élan de
compassion,il répondit à l'appel de son épouse torturée.
Mais,on vient
facilement à bout d'une force physique,mais pas de la passion et des désirs.Il
accordait plus d'importance aux apparences physiques chez les femmes ,qu'à
leurs qualités morales que seul le temps peut faire découvrir.Un beau
matin,il décida d'émigrer au Cham(Syrie) où il demeura dix huit ans.
De retour à sa ville natale,il se rendit,par
respect d'une tradition, directement à
la mosquée,pour y effectuer une prière,avant de se diriger ailleurs.Là,il
écouta un jeune homme prononcer un prêche dont la qualité des paroles,jointe à
l'éloquence du prêcheur,suscita son admiration.A la sortie,il s'informa sur l'origine de l'imam de bas âge.
C'est le fils de telle femme dont
le mari a émigré en Syrie,il y a plus de dix huit ans,lui fut-il répondu.Confus
et joyeux,il courut rejoindre l'imam et lui dit:tu ne me connais pas,je te
demande simplement de rapporter à ta mère ceci:"parfois tout le bien provient du mal". Aussitôt arrivé au domicile familial,il
relata faits et paroles à sa mère. Celle-ci,subitement son visage illuminé,s'empressa de dire à son fils:
cours chercher cet homme ,il est ton père.
Ainsi,d'un couple séparé trop tôt par le mal,naquit un enfant qui allait
rayonner à travers les siècles,puisqu'il s'agit de Malik ibn Anas,ayant vécu de 712 à 795 après J.C.,chef de la
célèbre école juridique de Médine et fondateur du rite malékite.
Dans l'absolu,il
est dit dans le Coran:"ne haissez pas une chose alors qu'elle peut vous
être bénèfique et n'aimez pas une chose,alors qu'elle peut vous être
maléfique".Comme il est également recommandé d'être optimiste et de penser
le bien."L'homme,qui pense mal a des moyens limités et les choses en
retour l'ébranlent sans cesse?L'homme qui pense le bien déclenche à coup sûr
toute la bonté de l'univers"(George Barbarin :petit traité du mysticisme
expérimental)
Par
ailleurs,est-ce qu'on peut dire que nous portons en nous le mal?"Nous ne
sommes pas esclaves d'un destin.Le destin n'est pas entre nos mains.Nous sommes les mains du
destin.Personnellement responsables de
la création continue du monde".