Histoire insolite
Dans son article intitulé "Cadeau",une amie
évoquait son désir ardent d'offrir,de temps à autre,un cadeau à sa mère,qu'elle
aimait tendrement.
De lecture à pensée et de pensée à souvenir,je suis rappelé
un évènement remontant à une vingtaine d'années,au cours duquel j'avais eu
l'occasion de rencontrer,pour la première fois,certaines personnes.
La
conversation engagée au sein du groupe,concernait des sujets sérieux,comme la
vie, la mort,le destin,pour ne pas sortir du cadre solennel et approprié de
l'objet de cette rencontre.A un certain moment,la discussion fut orientée sur
le destin et l'étrangeté de la survenue heureuse de faits insolites.Un homme
d'un âge avancé,jusque là silencieux,prit la parole pour nous raconter deux
anecdotes vécues par lui,et qui étaient restées sans explcation.Il s'agit d'un
originaire des Hauts Plateaux algériens,habitant avec ses parents dans sa ville
natale.Elève de l'école du patelin,début des années quarante,il fut sollicité
par le directeur de l'école,de lui couper le bois,chaque dimanche,en prévision
de l'hiver rigoureux sévissant dans la région.A chaque fois il recevait de la
main du directeur,une petite pièce de monnaie.Par amour envers ses parents,il
achetait régulièrement du thé pour sa mère et du tabac pour son père.Un jour,sa
maman lui dit:"vas mon fils,que Dieu remplisse tes poches " et une
autre parole,pour le moins bizarre:"le jour où tu entendras les portes de
fer se fermer derrière toi,rappelles-toi de moi et dit:maman,les portes de fer
se sont fermées derrière moi." Le temps s'écoula,le jeune homme vint
s'installer à Alger;il connut un début de propérités dans ses activités
professionnelles,il put ouvrir un compte dans une banque qui ne comptait que
deux clients arabes,lui et un autre.Un beau jour,son compte fut crédité d'une
somme appréciable,dont la provenance n'avait pu être déterminée,malgré tous les
efforts de la direction de la banque,qui aurait même fermé pendant toute une
journée,pour procèder au contrôle.L'intéressé nous déclara ignorer jusqu'à ce
jour,trente ans après,l'origine de la somme.Notre bonhomme émigra en
France,durant les évènements de la guerre d'Algérie.Un certain Octobre
sinistre,il fut embarqué par la police française et conduit,avec d'autres
émigrés,à la prison de Fresnes.Après les formalités d'écrou,on le dirigea vers
la cellule;sans faire attention,il venait de traverser la grande porte en fer
et de parcourir quelques mètres,quand il entendit le bruit de fermeture de la
porte.Subitement,il se souvint de la parole de sa mère prononcée vingt ans plus
tôt.Il la répèta entre ses lèvres:"maman,les portes de fer se sont fermées
derrière moi."Pendant qu'il se livrait à des réflexions défilantes sur son
sort,une demi-heure s'écoula.Et voilà qu'un gardien le fit sortir de la
cellule,le dirigea vers le bureau d'accueil,pour les formalités de mise en
liberté;Là encore,il fut surpris de l'heureuse tournure du facheux
évènement,qu'il expliqua sans hésitation;par son agrémént de sa mère,pour le
thé qu'il lui ramenait chaque Dimanche,durant une longue période.
De pareilles histoires insolites,étranges,sans explication
évidente,ont du être vécues par la plupart d'entre nous.Ce n'est qu'avec le
recul et la maturité qu'elles nous interpellent à revoir nos idées et concepts
arrêtés pendant notre jeunesse,n'accordant pas ou peu de crédit aux aléas
heureux et malheureux de notre destin.Celui-ci est certainement influencé par
la qualité de nos relations envers nos parents.C'est comme si les parents,ayant
conçu et élevé leurs enfants,reçoivent,en retour,du Créateur,un certain droit
droit de regard et d'intercession,en leur faveur ou en défaveur,selon le
comportement de leurs progénitures en vers eux.
"Tu ne dois pas leur dire Ouf" -- "Obéis à ta
mère" et à qui encore ?demanda un compagnon au Prophète,qui dit pour la
seconde fois:"à ta mère".Et à qui encore? "à ta mère".Ce
n'est qu'à la quatrième reprise que le Prophète dit: à ton père. "le
paradis est sous les pieds des mères."
Personnellement,je peux prétendre avoir connu,durant ma
vie,quelques évènements ,m'ayant mis dans des conditions difficiles et dont le
dénouement s'était avèré en ma faveur.Mais ceci est une autre histoire.