La loi et la force
Il y a quelques siècles,dans un petit royaume du
moyen-orient, un scandale bouleversa le cours des évènements qui,jusqu'alors,
concouraient au bonheur des sujets et à la joie du sultan. Celui-ci, homme
charmant,droit et juste, était à l'écoute de ses administrés et manifestait une
volonté ferme,pour satisfaire leurs doléances collectives et individuelles. Du
jour au lendemain,la nouvelle circula à travers tout le pays,semant
consternation et perplexité. Un tremblement de terre n'aurait pas suscité tant
d'agitation et de désarroi. Le roi, à la bonne humeur constante,au sourire
suspendu à ses lèvres en toute circonstance,fut le plus affecté par l'irrémédiable.Il
s'avéra qu'il exerçait illégitimement la royauté. Son statut originaire ne lui
permettait pas l'accès au trône. Il était fils d'esclave non affranchi,par
conséquent,lui-même esclave. Les gouvernés estimaient leur gouvernant et
celui-ci était trop attaché à son peuple et à son royaume. Dilemne empoignant
et angoissant,surtout pour le roi,dont le sommeil divorça d'avec le lit royal.
Un homme,un seul,pouvait solutionner cette situation inacceptable par la
population,trop fidèle à sa tradition séculaire,et incontournable par le
roi,sauf,s'il brandissait son épée et son armée,pour maintenir le statut-quo.
Cet homme est le grand mufti et imam du royaume.Son verdict (sa fetwa) était
sans appel: le roi étant esclave d'origine,devait être mis en vente au marché
public d'esclaves,pour être affranchi après son achat par un sujet libre. Ce
nétait qu' à cette unique condition que le bon sultan pouvait reprendre son
royaume. Que faire se demanda le roi?Subir cet affront, ou bien recourir à la
force. Que choisir? "la force qui m'impose et me fait reconnaître en tant
que roi,ou bien la loi qui me protège,mais qui me dépasse?" Sa droiture et
sa considèration des valeurs lui commandèrent sa soumission à la loi,plutôt que
l'utilisation de la force, invulnérable à la pression populaire. Il fut vendu
au plus offrant qui était une femme riche,belle et lucide. Elle trouva plaisir
à prolonger chez elle,le séjour de son esclave. Elle lui ordonnait
quotidiennement d'accomplir des tâches humiliantes,tout en le regardant faire
et en souriant devant lui et derrière son dos. Elle en tirait jouissance et
délectation. Mais son amour dissimulé et grandissant,lui rappela la raison de
son acquisition,conformément au voeu exprimé par toute la foule. Pour
satisfaire l'espoir de ses semblables,elle renonça à son amour pour son
esclave.Affranchi,le roi put reprendre ses prérogatives royales,à la joie
collègiale,et mit fin à son célibat en épousant son ex-maîtresse.
Loi et Force,deux élèments souvent antinomiques,,se
rejoignent, parfois, pour des objectifs communs.
Mais,aucun des deux ne doit
abuser de l'autre.Les deux constituent une puissance;c'est la nature de cette
puissance qui détermine la prépondérance de la loi sur la force ou de la force
sur la loi, elle- même conditionnée par la source d'origine de la puissance.
Humaine,elle reflète le courant idéologique suivi,l'état d'esprit façonné et en
corollaires les options retenues. Supra-humaine,la source impose à l'homme,des
règles préétablies,sans explications sur le comment des conséquences découlant
du suivi ou non suivi de ces règles. Si la loi humaine peut être assimilée par
la raison,le précepte supra-humain ne peut être saisi que par l'intuition
intellectuelle. IL y va de soi que cette puissance restreint certaines libertés
de l'individu,notamment,son libre arbitre.
Que choisir? La source purement
humaine qui nous procure toute latitude d'action et qui mute au gré des
convenances,ou bien la source supra-humaine immuable sur certains aspects,mais
qui nous évitent des égarements.